Fable

 

 

Yeux, cheveux, dents, ongles de l'enfant de neige qui frappe en moi à quelle paroi secrète, enfant impossible à reconnaître, et pourtant il existe quelque part entre les hommes, il travaille à quel ouvrage, il fait sonner quel carrelage peut-être d'hexagones rouges fanés. Les murs de neige étaient hauts autour de la demeure, une humidité passait à travers les pierres et pénétrait nos corps qui se réchauffaient à l'amour, à la grande imprévoyance. Cheveux, dents, ongles que je ne saurais reconnaître, ils existent quelque part, striés de vent et de juvénile pollen, ou peut-être humiliés de travaux sordides. Sous les pieds de l'enfant de neige sonnent les hexagones fanés. Vibrent mansardes et soupentes mauves. Poëles de fonte bizarrement inclinés. Mais voici qu'il s'emmêle avec la fillette aux douces boucles, aux gestes de velours, qui feint de détourner le visage et s'appuie à la cloison. Rose fumée de créatures, les mots ne coûtent rien. N'empêche qu'ils vont bivouaquer longtemps, les beaux enfants, dans le charbon de terre.