Croissance strictement exponentielle
La croissance strictement exponentielle nexiste pas dans la nature, mais son étude, au moins comme contre-exemple, est très instructive. Nous imaginerons un réseau plan à croissance centrale strictement exponentielle et parfaitement régulière. Le plan sera rapporté à un repère (O, i, j) orthonormé. La cellule de rang n sera représentée par un disque de centre Mn (xn , yn ), et de rayon égal à rn. Nous supposerons, pour simplifier les calculs, que OM0 = 1. On passe dune cellule à la suivante
par une similitude (ou homothétie complexe) de rapport k (réel) et dangle
Trois constantes interviennent :
Notre but est de choisir ces trois constantes, de telle sorte que chaque disque soit tangent aux trois précédents et aux trois suivants. En pratique, il suffit de sassurer que le disque initial (de rang 0) soit tangent aux trois suivants (de rangs 1, 2, 3) : ce qui est vrai pour lun des disques lest aussi pour tous les autres. On doit donc avoir : M0 M1 = r0 + r1 , M0 M2 = r0 + r2 , M0 M3 = r0 + r3 , ce qui entraîne :
Pour simplifier lécriture,
posons : c = cos On a alors : cos (2 Les égalités précédentes deviennent :
On en tire : Les égalités (1) deviennent : Pour r (X + 2 c).(X + 2) = X2 et X2 + 2 c X + 4 c2 3 = X2 - 2 X + 1. Ces équations se ramènent au premier degré. On en tire : Ce qui entraîne : c = (c + 1).(c 1) = c2 1, donc : c2 = c + 1. Nous
reconnaissons léquation bien connue qui a pour solutions : c
= Nous éliminons la première solution (supérieure à 1) et conservons la seconde : Ces deux nombres sont inverses ; ils correspondent à la même structure, mais avec inversion de la numérotation des cellules. Notre problème possède donc une solution non triviale unique (au sens près).
Cette solution fait intervenir le nombre dor, et pourtant la divergence qui en résulte (128° 10) nest pas égale à la section dor (137° 30). Dans cette croissance exponentielle, les contacts entre les cellules sont figés : il ny a pas de changements de maille. La structure névolue pas, et la divergence reste bloquée à sa valeur initiale, qui nest pas égale à la section dor. Tout lintérêt de cet exemple imaginaire est de montrer que la clé des maillages de Fibonacci nest pas dans les conditions initiales, mais dans le travail algorithmique des mailles, qui force la divergence à évoluer vers la section dor. Dans le domaine de la botanique, la croissance nest pas exponentielle : elle est toujours plus lente, et cest précisément ce qui permet les changements de maille, rendus obligatoires par les contraintes géométriques. Observons la figure ci-dessus : on conçoit facilement que la croissance centrale ne va pas permettre aux cellules initiales (0, 1, 2) de conserver leurs contacts réciproques : ils vont nécessairement céder, mais dans quel ordre ? Si le choix seffectue, à chaque étape, selon le même critère, alors la structure va évoluer de manière algorithmique.
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