Il faudra finalement se débarrasser de
ces draps, qui occupent le coin gauche de l'armoire. Ils prennent
la place d'autres draps, ceux-là légitimes, mais
vous me direz que tous les draps sont légitimes, s'ils
sont de bonne toile ancienne, ou même de linon, ou de nylon,
je ne sais. Ceux-là ont le tort de n'être point lavés,
et le délai étant passé on ne les lavera
pas. Il ne reste qu'à les réexpédier. Retour
à l'envoyeur. L'envoyeur est un ami, il est à craindre
qu'il ne se formalise. Les meilleurs amis peuvent une fois ou
l'autre se formaliser. Si l'on ne peut renvoyer ces draps parce
qu'ils sont sales, ni les laver parce qu'ils ne sont pas de ceux
qu'on lave, il faut s'en tenir au statu quo. Mais le statu quo
est intenable. Avec ou sans draps, on finira tous dans la malle
sanglante, après avoir feint de comprendre la règle
du jeu, on finira tous comme je vous dis, et même peut-on
parler de finir, vu l'ingérence croissante du non-être
? Mon opinion, qui n'est qu'un avis, est de mettre les draps dans
la malle, et d'expédier à qui de droit. C'est clair.
Et même la femme dedans, pour respecter le droit de propriété.