X) Perspectives
Ces transformations du réseau peuvent être décrites
mathématiquement dans le cadre général du maillage dynamique ; cette
description n'est pas une explication au sens physique (ou biologique)
du terme, mais elle nous oriente nettement vers deux familles d'explications. La première famille comprend des explications
basées sur des notions de physique, toutes plus ou moins équivalentes
à la théorie d'Adler : la stabilité des structures fibonaciques est
due à la pression de contact, ou à La seconde famille s'inspire de la
biochimie : les organes (cellules, primordia, feuilles ou fleurs,
fibres) ont une croissance orientée, influencée par
les cellules ou les organes voisin(e)s, par contact direct, selon
un "langage" chimique codé.
Il nous semble que la réponse peut être recherchée dans
deux directions différentes : - l'autre démarche consiste à étendre
les conclusions élaborées au niveau macroscopique (version
biochimique), et à les prolonger le plus loin possible, jusqu'aux
primordia, ou même au-delà, jusqu'aux cellules, en une
théorie des liaisons généralisée. Pour bien comprendre la théorie des inhibiteurs, on peut s' inspirer de l'
exemple de la ruche d' abeilles, dans laquelle la reine, par une sécrétion
de phéromones, inhibe l' apparition d' autres reines dans son voisinage
: quand la reine meurt, l' inhibition est levée, et d' autres reines
naissent aussitôt un peu partout dans la ruche ; on peut s' inspirer
aussi, et surtout, de la dominance du bourgeon apical chez les végétaux
: les jardiniers savent que, lorsque le bourgeon terminal d'un arbuste
est détruit, un bourgeon axillaire, situé plus bas, prend le
relais. L' interprétation classique se base sur les agents de croissance
(auxines et cytokinines principalement) : le bourgeon principal agit
comme une pompe, qui draine les auxines vers le sommet de la plante
; ce flux, en modifiant la perméabilité cellulaire des bourgeons secondaires
(et en perturbant, semble-t-il, l' action des cytokinines), bloque
leur développement. Cet équilibre biochomique entre les bougeons pourrait-il
agir aussi à l' intérieur de ceux-ci ? Pour voir une illustration animée (et interactive)
de cette théorie des inhibiteurs, visionnez l'applet 18 (chapitre XI).
Le mouvement trop rectiligne des primordia pourrait être corrigé en faisant intervenir des forces de contact (action / réaction), de manière à les obliger à s'arranger en mailles régulières ; mais alors nous revenons vers les idées d'Adler. Remarquons également que notre simulation utilise une vitesse de fuite inversement proportionnelle à la distance au centre, de manière à conserver une densité constante ; ceci s'explique mieux par les contacts que par les inhibiteurs ... Nos simulations numériques montrent qu'on peut
obtenir des structures fibonaciques élaborées, à
condition de faire croître la fréquence d'apparition
des nouvelles cellules (ou de faire décroître leur vitesse
de fuite), ce qui est difficile à admettre pour un botaniste
... Mais on peut obtenir aussi, selon les paramètres fixés
à l'origine, des structures régulières comportant,
par exemple, des jeux de 7 parastiques, ou 11, etc. Or nous ne voyons
jamais de telles structures dans le monde végétal. On peut se demander pourquoi notre applet ne conduit
pas toujours à une structure de Fibonacci ; mais on peut se
demander surtout pourquoi elle conduit parfois à ce type de
structure. En effet, les explications que nous avons données
dans le cadre du maillage dynamique s'appliquent mal ici, puisqu'il
n'y a pas de maillage. Mais nous proposons, dans la partie "compléments",
une page qui répond, partiellement, à cette question
délicate. En définitive, il nous semble que la théorie des inhibiteurs est un bon candidat pour expliquer très simplement la formations de structures alternes-distiques, à divergence proche de 0,5 (qui constituent le premier palier de Fibonacci), ou de structures élémentaires faiblement spiralées de type (3, 5), mais pour le passage aux paliers suivants, elle doit passer la main au maillage dynamique, et à la théorie des contacts (sous la forme proposée par Adler, ou une autre). Dans la théorie des liaisons
cellulaires, ce sont les protéines
adhésives situées dans les membranes qui jouent le rôle central.
Ces molécules sont nombreuses (cadhérines,
intégrines, sélectines, immunoglobulines ...) et leur mode d' action
est très complexe (voir par exemple l'artice de Lisa Garnier : "Des
adhésifs dans nos cellules", Science&Vie n° 228). Elles sont
reliées (directement ou indirectement) au cytosquelette interne
(filaments d' actine) et traversent
la membrane cellulaire dans des zones particulières (jonctions étanches,
ceintures d' adhérence, desmosomes).
Elles ont un comportement dynamique rapide : les molécules d' actine
sont renouvelées toutes les deux minutes environ, selon les chercheurs
de l' institut Curie. Pour voir une applet java illustrant une théorie
des contacts poussée à l'extrême, visionnez l'applet 22 (croissance algorithmique).
Conclusion
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